Les Poupées Russes. C’est sans doute le film qui m’a le plus marqué, non pas pour son histoire bouleversante ou pour sa réalisation prestigieuse, mais pour sa réalité. Toutes ces questions, ces envies, ces faux pas. Tout est là. La première fois que je l’ai vu c’était il y a un, voir deux ans.
Je me souviens avoir voulu une relation bien particulière qu’entretient Xavier dans ce film précis. Celui de l’ex qui devient meilleur ami. Dieu (quel qu’il soit) seul sait pourquoi cette relation me faisait envie, pouvoir ne jamais se séparer totalement d’un homme que l’on a aimé. Puis avec le recul, je me rends compte que cette situation est difficile, pour ne pas dire impossible. La seule chose en laquelle je me reconnais maintenant, la seule personne à laquelle je m’identifie ce sont ces femmes. Chacune d’entre elles, d’autres plus, d’autre moins. Je ne suis qu’une d’entre elle, une de plus dans la vie d’un quelconque homme.
Et finalement ce que je reconnais le plus c’est le personnage central, cet homme qui cherche l’amour sans vraiment y croire ou sans vraiment se l’avouer. Celui qui pense qu’en trouvant le plus de femmes va un jour tomber sur la dite « bonne et unique », cette femme mystère, idéalisée et fantasmée chaque jour de sa vie. Celle à qui il pense quand il fait l’amour à un quelconque être féminin, celle avec qui il pourrait passer le restant de sa vie tout en s’appuyant sur ses épaules. Cet homme qui finalement n’est qu’un enfant qui après avoir eu un nouveau jouet en désire un autre, cet enfant qui ne s’intéresse qu’à la nouveauté par peur du quotidien, par peur de la lassitude. La peur de s’engager, la peur d’avoir mal, la peur d’aimer, la peur d’être laissé tombé, la peur de faire du mal, la peur d’être seul, la peur d’être étouffé, la peur de ne plus être libre. La peur, c’est la seule chose qui nous tienne, qui pousse à vivre dans l’excès, de vouloir en faire toujours plus, de vouloir tout voir avant d’en finir. Cet homme qui se cache derrière des plus ou moins jolies filles d’un soir pour se sentir vivant et libre tout en s’inventant des prétextes pour se lever jour après jour. Cet homme qui n’avouera jamais ses sentiments car il sait que toute histoire a une fin. Cet homme tellement et terriblement humain.
Et moi, la fille, une fille. Une parmi tant d’autres, au milieu de cet océan infini de cuisses, de chutes de reins et de poitrines. Une autre fille d’un soir, croisée au détour d’une fête, au tournant d’un couloir. Quelle est la chance de rencontrer une personne qui va changer une partie de sa vie dans ces conditions ? Quelle était cette chance ? Infime. C’est en réalité un coup de pouce qui crée cela. Un coureur de jupons qui m’aborde, une discussion rapide dans une boutique, un petit sourire en coin, un nom enfin. Puis un bonjour quotidien, des formules de politesses échangées très vite fait, jusqu’au numéro de téléphone. La suite on la connait tous, un rendez-vous, une petite discussion en préliminaire et c’est comme ça qu’on se retrouve le lendemain matin, dans un appartement encore inconnu, un thé amical proposé avant de rentrer chez soi, avec les mêmes vêtements que la veille, sans avoir prit le temps de se doucher avec cette sensation étrange qui fait qu’on ignore si on se sent bien ou mal. Est-on à ce moment là heureux d’avoir vécu une illusion d’amour avec un parfait inconnu ? Ou bien avons-nous ce sentiment d’être trompée, salie, et prostituée car on sait que cette passade ne mènera à rien alors qu‘on est toujours rempli d‘espoir ? Cette question chacun, homme ou femme se la pose un jour ou l’autre, sur le fait ou bien avec le recul. Chaque homme et chaque femme recherche l’amour, le rêve et pense pouvoir le vivre. Mais au moins une fois dans sa vie, chacun d’entre nous va le louper, car à trop l’idéaliser il nous passe sous le nez, on croit le voir dans une jolie fille ou dans un bel homme tout droit sorti d’une sitcom, et on se rend pas compte qu’il est là, assit sur le même canapé en soirée, dans le même cours que soi ou tout simplement dans la complicité d’un[e] ami[e]. Chaque amour a son histoire et chaque histoire est encore à construire.

Photographie : Tirée de Tree of life.

Photographie : Tirée de Tree of life.
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